Chronique : Méconnaissance où méforme du livre en Afrique centrale ?

Publié le par livresdubassinducongo.over-blog.com

 

Actualité obliPhotos-Marie-Alfred-n-1 0067ge, il y a eu du remous littéraire en mars 2010 et le Salon du livre de Paris en a été un témoin privilégié.

Au-delà de tout ce qui s'est dit sur le stand du Bassin du Congo, il nous revient d'en apprécier les retours sans oublier naturellement de louer l'effort conjugué du ministère de la Culture de la République du Congo et de notre quotidien de référence, Les Dépêches de Brazzaville.

En sus de la crise qui sévit également dans l'univers du livre, force est de constater que l'art et la littérature d'Afrique centrale, a priori riches et appréciables, demeurent très mal exportés et il s'en suit logiquement qu'ils sont très mal connus dans les pays d'Europe et d'Amérique.

La 30e édition du Salon du livre de Paris, dont il paraît encore précoce d'évaluer les retombées, s'est ouverte avec l'annonce d'un recul du nombre d'éditeurs et dans une ambiance de turbulence au niveau du Syndicat national du livre (SNL).

Confronté lui-même à la plus grande crise de son existence, il n'a pu marginaliser la réticence croissante de plus en plus d'éditeurs à participer à ce salon. Ainsi certains éditeurs ont-ils été contraints de réduire leurs stands pour des raisons économiques prétendant ne plus pouvoir amortir la mise de fonds.

Pour Françoise Nyssen, PDG d'Actes Sud, «Le Salon du livre, c'est cher, mais c'est primordial», cette manifestation garde tout de même l'espoir de rester un remède anticrise. Le Salon représente, malgré tout, mille éditeurs répartis sur quatre cents stands et accueillant de nombreux visiteurs toujours avides de découvrir des nouvelles plumes.

Nous, Africains, restons tributaires de l'organisation de tables rondes ainsi que des séances de dédicaces pour faire découvrir une littérature paradoxalement autant abondante que riche.

Les 135m2, mis à disposition de plus d'une trentaine d'artistes africains, n'ont pas permis de voiler ce paradoxe mais ont contribué à assurer la promotion de l'art et la littérature d'Afrique centrale avec des auteurs réputés connus comme Henri Lopes, Alain Mabanckou, Wilfried N'Sondé, Jean Divassa Nyama, etc.

Malgré la notoriété et le talent de certains, le Bassin du Congo semble encore avoir besoin de se vendre et de se faire mieux connaître culturellement. «L'arbre à palabre» fût de ce point de vue un espace approprié pour rappeler, entre autres, la place du village en Afrique.

Les organisateurs du stand, nous apprend-on, ont travaillé en partenariat avec l'Organisation internationale de la Francophonie pour obtenir un budget permettant d'associer les auteurs. Peut-être faudrait-il, au lieu d'incriminer les différents apports pour la promotion de l'art et de la littérature en Afrique par les diverses institutions, s'interroger sur la pertinence dans la gestion de certains appuis et aides alloués ?

Car si la littérature de la sous-région, à travers les deux Congo, le Gabon, le Cameroun... est reconnue au-delà des frontières africaines, elle traîne et continue de peiner à se faire connaître du grand public. Elle fait, par ailleurs, face à un autre défi, à la vie longue et qui perdure, celui de l'édition et de la distribution, toujours pas à la dimension du talent de nos auteurs.

Sujet à l'ordre du jour lors d'une table ronde au Salon de Paris où la précarité a également été citée, l'on a relevé ce réel problème car il n'y a pas de structures adéquates et malheureusement, les États ne prennent pas assez conscience ni n'encouragent 'impérieuse nécessité de susciter de vraies maisons d'édition et de distribution.

Il demeure utile et salutaire d'avoir des défenseurs de nos identités à travers le prisme de l'écriture, mais à condition que ces œuvres s'exportent et se reconnaissent à la rencontre des autres cultures sinon il faut craindre de n'être point listé dans l'encyclopédie des cultures du monde et de ne pas exister en tant que telle.

À l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance des pays d'Afrique subsaharienne francophone, nous pouvons réhabiliter et présenter au monde entier notre véritable richesse culturelle.

 

Ferréol Constant Patrick Gassackys

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