Rencontre avec trois auteurs couronnés par le Grand Prix littéraire d'Afrique noire

Publié le par livresdubassinducongo.over-blog.com

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Le stand des auteurs du Bassin du Congo a organisé le 26 mars une table ronde intitulée Rencontre avec des auteurs, dans le cadre de la promotion des auteurs couronnés par le Grand Prix littéraire d'Afrique noire de l'Adelf, que préside depuis plusieurs années déjà le professeur Jacques Chevrier.


Etaient présents pour cette table ronde, en dehors de Jacques Chevrier lui-même, trois auteurs ayant été couronnés par ce prix littéraire : la Camerounaise Calixthe Beyala, le Gabonais Jean Divassa Nyama et le Congolais (RDC) In Koli Jean Bofane, qui est d'ailleurs le dernier récipiendaire de ce prix pour son roman, Mathématiques congolaises, publié chez Actes Sud.


Jacques Chevrier a ouvert le débat en présentant les auteurs et en faisant un résumé de leurs œuvres couronnées pour essayer d'en dégager les thématiques. Celles-ci tournent autour des questions de l'émancipation de la femme pour Calixthe Beyala, de l'oralité et de la conservation de nos traditions pour Jean Divassa et des problèmes de vie quotidienne, de lutte pour la survie, pour In Koli Jean Bofane.


L'écrivain Jean Divassa Nyama déclare pour sa part poser dans son ouvrage L'Oncle Ma, la question de la perte de nos valeurs ancestrales, donc de notre culture, au profit de la culture occidentale. Ce qui le pousse à se demander si dans cet écartèlement entre plusieurs cultures nous sommes encore des Bantous.

 
Pour Calixthe Beyala, cette question ne devrait plus se poser, car nous vivons à une époque où la culture devient universelle. Le concept d'une culture singulière est selon elle dépassé ; Bantou, Français, Indien, Chinois, tout cela ne compte plus. Et nous devons accepter la modernité qui s'impose à nous sans chercher à nous singulariser des autres. Calixthe Beyala, auteur de "C'est le soleil qui m'a brulée", ouvrage paru dans les années 1990 chez Albin Michel et qui lui valut le Grand Prix littéraire d'Afrique noire, a toujours été dans ses romans une fervente avocate de la femme africaine. Pour elle, cette revendication se justifie par le peu de place accordée aux femmes dans nos sociétés, alors que ces dernières sont généralement les chevilles ouvrières des familles. Pour cet auteur à succès, il serait temps que les hommes apprennent à donner plus de place aux femmes dans la gestion de la cité.


Enfin, In Koli Jean Bofane est revenu sur son roman et a expliqué comment les mauvaises habitudes acquises à l'époque du monopartisme sous le régime de Mobutu avaient gangrené la société congolaise actuelle. Son roman, qui est une dénonciation des antivaleurs de la société congolaise, passe au crible le difficile quotidien du Congolais ordinaire. Il termine en racontant que lorsqu'on se promène dans les rues de Kinshasa, les deux mots que l'on entend prononcer le plus sont : argent (mbongo) et faim (nzala). 

 


Boris Kharl Ebaka (au Salon du livre)

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