La création éditoriale africaine

Publié le par Livres et Auteurs du Bassin du Congo

IMG_5965.JPGLe Salon du livre de Paris a choisi cette année de mettre à l’honneur la création éditoriale et le travail des éditeurs, c’est pourquoi le stand Livres et auteurs du Bassin du Congo a organisé une table ronde autour de la création éditoriale africaine en donnant la parole à des acteurs importants du continent.

Luc Pinhas modère cette table ronde en sa qualité de maitre de conférences à l’Université Paris XIII et auteur de l’ouvrage « Éditer dans l’espace francophone ». Il invite tout d’abord les différents intervenants à évoquer le contexte éditorial dans lequel ils évoluent et le profil de leurs structures respectives.

Marcellin Vounda Etoa est le directeur des Éditions Clé, fondées en 1963 au Cameroun. Le projet était initialement celui des missionnaires qui voulaient diffuser la Bible. Aujourd’hui, une partie de la production restée liée à la littérature théologique mais la littérature générale y a également sa place, ainsi que l’édition scolaire. Les Éditions Clé publient environ quarante titres par an.

Dramane Boaré est le directeur de la maison d’édition Les Classiques Ivoiriens, créée il y a sept ans et œuvrant également dans le secteur de l’édition scolaire ainsi qu’en littérature jeunesse et littérature générale. Muriel Diallo, auteur maison, a reçu le Prix Saint-Exupéry en 2012 pour sa série de livres « Bibi n’aime pas… ». C’est une jeune maison par rapport aux structures historiques que sont NEA (Nouvelles Éditions Africaines) ou CEDA (Centre d’Édition et de Diffusion Africaines) fondées il y a une quarantaine d’années. En effet, la Côte d’Ivoire fait figure de pionnière dans la région ouest-africaine et c’est également un des rares pays africains à initier une politique publique en faveur des éditeurs. Il y a aujourd’hui une dizaine de structures éditoriales actives telles que Eburnie, Frat Mat ou Edilis. L’édition scolaire est indispensable aux éditeurs locaux car, grâce à ce secteur, ils peuvent se développer et financer l’édition de littérature, de beaux-livres, etc.

Stéphane Marill est la présidente de « Scolibris, livre solidaire », une association basée à Paris qui fédère les professionnels du livre spécialisés dans le secteur scolaire, éducatif, de l’illustré et de l’information en général. Le modèle d’action de l’association est de soutenir les particuliers, les éditeurs ou les associations en accompagnant leurs projets éducatifs par une expertise éditoriale, une recherche de financements, un centre d’information et une mise en réseau. L’association vient de publier l’étude « Enjeux de la professionnalisation des filières du livre dans les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique ». La priorité selon Stéphane Marill est d’aider les éditeurs africains à entrer en compétition avec les groupes internationaux afin que les manuels scolaires correspondent réellement aux besoins et aux pays dans lesquels ils sont distribués.

Les difficultés sont néanmoins très nombreuses sur le continent : la fabrication d’un livre est coûteuse, le réseau de librairies est disparate, et la circulation des livres entre les pays africains est quasiment nulle. À cela s’ajoute le manque de journalistes spécialisés qui peuvent traiter des sujets de littérature de manière précise et approfondie. La revue culturelle « Patrimoine » au Cameroun était une belle initiative mais n’est pour le moment plus active. Il faut structurer le secteur afin d’éviter, enfin, la profusion des écrivains publiés en auto-édition : ce procédé ne donne pas de visibilité et ne permet pas au livre de circuler étant donné les petites quantités produites.

En ce qui concerne la diffusion des livres africains en Europe, certaines initiatives actuelles sont encourageantes : l’Oiseau Indigo, créé en 2009, est une structure de diffusion des éditeurs du Sud très dynamique, de même la refonte de la base de données d’Afrilivres, en partenariat avec Africultures, est une excellente nouvelle. Afrilivres fédère les éditeurs africains francophones et ses objectifs sont la promotion et la distribution des livres africains. Son nouveau site web est en ligne a-t-on appris lors de cette table ronde.

Marcellin Vounda Etoa estime cependant que la priorité reste l’émergence d’un circuit du livre panafricain. Pour le moment, les marchés sont extrêmement fragmentés, des salons du livre à vocation régionale se mettent progressivement en place mais une réelle volonté est nécessaire pour que les choses évoluent et que les productions du continent soient promues et distribuées à grande échelle.

 

Pauline Pétesch

Publié dans Tables rondes

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